Les hélicoptères et les Autogires de la 2éme guerre mondiale : Et que ça tourne !

Les hélicoptères et les Autogires de la 2éme guerre mondiale : Et que ça tourne !

L’aéronautique militaire a connu des avancées majeures pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), avec le développement des premiers hélicoptères opérationnels et l'utilisation d’autogires. Bien que les avions aient dominé les combats aériens, ces appareils à voilure tournante ont introduit des innovations techniques qui ont ensuite influencé l'aviation civile et militaire.

L'hélicoptère H5, utilisé par l'US Navy, a été mis en service en 1945 et retiré en 1957.
Cette image est extraite du film Les Ponts de Toko-Ri (1954).

Les origines du vol horizontale

La vis aérienne

La vis aérienne est un concept développé par Léonard de Vinci au XVe siècle. Basée sur le principe de la Vis d'Archiméde, elle était conçue pour s'élever dans les airs par rotation. Bien que son fonctionnement réel soit impraticable avec les matériaux de l’époque, elle est considérée comme une préfiguration des hélices et des rotors modernes utilisés dans l’aviation.

L'hélicoptère de Paul Cornu

Souvent considéré comme le premier hélicoptère, le prototype de Paul Cornu, réalisé en 1907, n'a effectué que de modestes sauts de 1 à 2 mètres. En raison de son manque de stabilité et de contrôle, il est difficile de le qualifier de véritable projet fonctionnel.

Les autogires : précurseurs des hélicoptères

Avant l’émergence des hélicoptères, les autogires (ou gyrocoptères) ont ouvert la voie à l’utilisation des voilures tournantes dans l’aviation. Conçus pour la première fois par l'ingénieur espagnol Juan de la Cierva dans les années 1920, les autogires se distinguent des hélicoptères par le fait que leurs rotors ne sont pas motorisés. Au lieu de cela, ces rotors tournent librement sous l’effet du vent relatif généré par l'avancée de l’appareil, tandis qu'une hélice propulsive à l’avant fournit la puissance nécessaire pour le mouvement horizontal.

Cierva C.30 modèle espagnole

Les autogires ont été utilisés par plusieurs nations avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Les forces armées les ont principalement employés pour des missions de reconnaissance, d’observation et de correction de tir d’artillerie, en raison de leur capacité à voler à basse vitesse et à décoller et atterrir sur des distances très courtes.

L'autogire Avro Rota (un modèle britannique basé sur le Cierva C.30) a notamment été utilisé par la Royal Air Force (RAF) pour des missions d'observation et de calibrage radar, en particulier pour la défense côtière du Royaume-Uni.

En Allemagne, des versions dérivées comme le Focke-Wulf Fw 61, conçu par Heinrich Focke, ont permis d’expérimenter des modèles plus avancés avec une combinaison de voilures fixes et tournantes, préfigurant ainsi les premiers hélicoptères.

Le Focke-Wulf Fw 61, développé en 1936, est considéré comme le "maillon manquant" entre l'autogire et l'hélicoptère moderne. Il fut le premier hélicoptère à rotor libre propulsé, offrant un vol stationnaire contrôlé, contrairement aux autogires. Cet appareil a joué un rôle clé dans la transition vers les hélicoptères modernes.

Le Flettner Fl 282 Kolibri
Un autre développement significatif en Allemagne a été le Flettner Fl 282 Kolibri (Colibri), conçu par Anton Flettner. Cette autogire biplace, doté de rotors inter-mêlés, fut utilisé pour la reconnaissance navale et pour diriger les tirs d'artillerie. Ce modèle a connu plus de succès que le Fa 223 en termes d’opérations militaires. En 1942, plusieurs prototypes du Fl 282 ont été utilisés par la marine allemande pour des missions de patrouille en mer, prouvant que les autogires pouvaient avoir un rôle stratégique dans la guerre navale.

Le Focke-Achgelis Fi 282 Kolibri est un hélicoptère léger de la Seconde Guerre mondiale, avec seulement 24 unités produites. Utilisé par la Luftwaffe pour la reconnaissance,
la liaison et la surveillance

Les premiers hélicoptères de la Seconde Guerre mondiale

L’évolution naturelle de l’autogire vers l’hélicoptère, où le rotor principal est directement motorisé, a été un tournant crucial dans le développement des aéronefs à voilure tournante. Les hélicoptères, contrairement aux autogires, étaient capables de décoller et d'atterrir verticalement, sans avoir besoin de piste, ce qui les rendait particulièrement utiles pour des missions en terrain difficile.

Le Focke-Achgelis Fa 223
L'Allemagne nazie fut pionnière dans le développement des premiers hélicoptères fonctionnels. Le Focke-Achgelis Fa 223 Drache (Dragon) fut l’un des premiers hélicoptères de conception avancée à voler en 1940. Créé par Heinrich Focke, cet appareil était équipé de deux rotors en tandem et pouvait transporter des charges relativement lourdes ou effectuer des missions de sauvetage et de reconnaissance.

Le Fa 223 a accompli plusieurs vols réussis, démontrant ses capacités à effectuer des missions de transport logistique et de sauvetage en milieu difficile, comme en montagne. Cependant, la production de masse de cet hélicoptère a été entravée par les bombardements alliés sur les usines allemandes, limitant son déploiement opérationnel.

Le Sikorsky R-4
De l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis, l’ingénieur d'origine russe Igor Sirkorsky a marqué l'histoire de l'aviation avec son hélicoptère Sikorsky R-4, qui est entré le 5 janvier 1943. Premier hélicoptère de production en série à être utilisé par les forces armées américaines, le R-4 a révolutionné les opérations militaires avec sa capacité à effectuer des sauvetages aériens dans des zones inaccessibles aux avions conventionnels.

Le Sikorsky R-4, développé en 1942, fut le premier hélicoptère de série de l'armée américaine. Utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, il servait pour la reconnaissance, le sauvetage et le transport léger.

L'US Army Air Forces et la Royal Air Force (RAF) ont notamment déployé le Sikorsky R-4 pour des missions de sauvetage en Birmanie et dans le Pacifique, où les terrains accidentés ou la jungle empêchaient l’utilisation de pistes d'atterrissage traditionnelles. Le R-4 a ainsi démontré l’immense potentiel des hélicoptères pour les opérations de secours, un rôle qui s'est poursuivi et intensifié après la guerre.

Différences entre autogires et hélicoptères

Bien que les autogires et les hélicoptères soient tous deux des aéronefs à voilure tournante, ils fonctionnent de manière différente :

À gauche, vous avez le schéma d'une autogire en autorotation, et à droite, un hélicoptère en vol. Vous remarquerez que l'autogire nécessite une poussée horizontale (flèche bleue) pour se maintenir en vol, tandis que l'hélicoptère génère sa portance (flèche rouge) pour se déplacer à la fois horizontalement et verticalement.

• Propulsion du rotor : Le rotor de l’autogire tourne grâce à l’air lorsque l’appareil avance, tandis que dans un hélicoptère, le rotor est directement motorisé par un moteur.

• Décollage et atterrissage : Les autogires ont besoin d’un déplacement vers l’avant pour générer la portance et ne peuvent pas décoller verticalement. Les hélicoptères, en revanche, peuvent décoller et atterrir verticalement, sans piste.

• Manœuvrabilité : Un autogire ne peut pas voler sur place, contrairement à un hélicoptère qui peut effectuer du vol stationnaire, utile pour des missions de sauvetage ou d’observation précise.

Impact et héritage des hélicoptères et autogires

Les autogires ont été largement supplantés par les hélicoptères après la guerre, mais ils demeurent une innovation marquante de l’entre-deux-guerres. Les concepts aérodynamiques développés pour ces appareils ont contribué à une meilleure compréhension du vol à voilure tournante et ont directement influencé la conception des hélicoptères modernes. Cependant, ils restent utilisés par les civils, notamment dans les clubs aéronautiques.

Autogire modèle MagniGyro M16

Wallis WA-116 Agile, le modèle d'autogire utilisé dans le film
Mad Max 2

Après la guerre, les hélicoptères se développent rapidement et leurs usages se diversifient. Ils sont déployés pour des missions de sauvetage, de transport de matériel et de personnel, de reconnaissance, d’appui au sol, de lutte anti-sous-marine et de combat anti-char. Leur polyvalence s’étend également aux opérations médicales d’évacuation, à la surveillance des frontières, à la lutte contre les incendies, ainsi qu’aux missions de recherche et de sauvetage en milieu hostile.

En voici quelques exemples :

Le Sikorsky H-5 est un hélicoptère léger de transport et de reconnaissance, développé
dans les années 1940. Il a été utilisé par l'armée américaine pour des missions de sauvetage, de transport de troupes et de reconnaissance pendant la guerre de Corée, et est l'un des premiers hélicoptères militaires de Sikorsky.

Le Vertol H-21, surnommé "Shawnee" ou "Banane volante" en raison de sa forme distinctive, était un hélicoptère de transport militaire utilisé pour des missions de transport de troupes, de ravitaillement et de sauvetage, notamment pendant la guerre de Corée.

Le Bell UH-1 Iroquois (ou Huey), produit dès 1958, est devenu une véritable icône de la guerre du Vietnam. Très polyvalent, il a été utilisé pour le transport de troupes, l'évacuation médicale, le ravitaillement et les missions d'attaque, démontrant son efficacité dans de nombreux rôles.

L'OH-6A Cayuse a un cockpit en forme de bulle pour une vue à 360 degrés.
Il existe une variante anti-char : le AH-6

 L'AH-1G Cobra est un hélicoptère d'attaque utilisé pour soutenir
les troupes au sol

Conclusion

L’apparition des premiers hélicoptères et l’utilisation des autogires pendant la Seconde Guerre mondiale ont marqué une étape cruciale dans l’histoire de l’aviation militaire. Bien que leur rôle ait été limité durant le conflit, ils ont montré que la capacité à décoller et atterrir verticalement ouvrait de nouvelles possibilités stratégiques. Ces appareils ont annoncé une ère où les hélicoptères deviendraient des éléments incontournables des forces armées modernes, avec des applications dans le transport, la reconnaissance et les missions de sauvetage, tant en temps de guerre que de paix.

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Mot de l'Ambassador 1944

"L'aéronautique n'a été ni une industrie ni une science. Ce fut un miracle." - Igor Sirkorsky

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